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Fête de la traduction

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De Soizic Cifuentes

Saviez-vous qu’il existait une fête consacrée aux traducteurs ?

La journée mondiale de la traduction tombe le 30 septembre lors de la fête de la Saint Jérôme, patron des traducteurs. C’est donc l’occasion de célébrer cette fête et de parler de notre profession qui contribue depuis plusieurs siècles à faire voyager les pensées, les écrits religieux, les valeurs culturelles, à propager les progrès scientifiques, à diffuser les connaissances et à ennoblir les langues. Que serait l’histoire sans la plume des traducteurs et traductrices ? Sans la traduction des textes classiques qui ont déterminé nos modes de pensée depuis l’Antiquité grecque, le monde ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Bien qu’étant une profession très ancienne, on constate toutefois qu’elle est encore assez méconnue et mal comprise. Il n’y a pas si longtemps que cela, une amie infirmière m’a demandé si je faisais toujours des traductions. J’ai trouvé la question très curieuse, car il ne me serait jamais venu à l’idée de lui demander si elle piquait toujours les fesses de ses patients. N’aurait-il pas été plus respectueux de me demander si j’étais toujours traductrice ? Nous les traducteurs, nous régnons dans l’ombre. Le public confond fréquemment notre fonction de traducteur avec celle d’interprète. Notre profession n’apparait ni dans les films ni dans les livres de fiction ou très rarement.

Profitons donc de cette journée pour sortir de l’invisibilité, ne serait-ce que pour le mois de septembre.

Mais d’abord pourquoi Saint Jérôme, qui était-il au juste ? Il est né en 347 à Stridon, l’actuelle Croatie. C’est sa révision critique de la Bible en latin pour laquelle il a consacré la plus grande partie de sa vie qui a fait de lui le saint patron des traducteurs. Il menait une vie monastique et dormait peu. Dormir peu, tiens, ne serait-ce pas le lot de nombreux traducteurs ? Toutes les photos que j’ai trouvées le montre penché à un bureau, seul et concentré dans son étude, l’air un peu fatigué, la plume à la main en train de traduire la Bible en latin et de peaufiner ses méthodes d’interprétation à partir des écrits d’Origène et de l’Ancien Testament en latin, grec et hébraïque. Il est très souvent représenté torse nu avec une croix et une bible ou dans la nature, vêtu d’une robe bleue en compagnie d’un lion qui selon les légendes aurait laissé Jérôme lui ôter une épine de la patte pour devenir par la suite son animal de compagnie. J’avoue que l’image du lion veillant sur le travail du traducteur m’interpelle. Belle image d’ermite, toutefois il est important que le traducteur sorte de son trou pour communiquer ses idées et ses méthodes avec ses collègues éparpillés à travers le monde et pour se faire connaître du public.

Pour l’occasion, je souhaiterais amener sous les feux de la rampe quelques traductrices-pionnières qui méritent d’être connues. Un remerciement au passage à Jean Delisle pour son ouvrage « Portraits de traductrices » qui m’a permis de découvrir la vie de ces traductrices fascinantes des siècles passés. Citons brièvement la mère d’Oscar Wilde, Jane Wilde (née Jane Francesca Elgee à Dublin) qui a traduit Lamartine et Dumas ; Clémence Royer, la traductrice de Darwin, Albertine Necker de Saussure, cousine de Madame de Staël, qui dénonçait les stéréotypes à l’égard des femmes et a traduit l’ouvrage mythologique de l’écrivain allemand, Karl Philipp Moritz. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère ont été traduites en français par Anne Dacier. Un travail de quinze ans. Sa traduction est un chef d’œuvre qui a permis à la France de suivre les aventures d’Ulysse pour la première fois. À une époque où Molière se moquait des Femmes Savantes, le travail d’Anne lui valut de trouver le respect et de faire entrer le terme de traductrice dans le dictionnaire. Du côté des traductrices techniques, on retrouve Émilie du Châtelet, mathématicienne, qui fut encouragée par Voltaire à poursuivre ses études physiques et scientifiques et à traduire Principia Mathematica de Newton, puis les écrits de Virgile.

Il y en a beaucoup d’autres à puiser dans les archives. Et pour en découvrir quelques-unes, je vous invite à lire « Portraits de traductrices » de Delisle.

Ces traductrices vivaient à une époque où être femme consistait à préparer ses devoirs d’épouse. Elles pouvaient influencer, servir d’égérie, mais n’avaient ni le droit de vote, ni la liberté d’écrire ou encore moins d’exercer un métier. Et celles qui prenaient le risque le faisaient souvent sous le couvert de l’anonymat ou même du déguisement. Aujourd’hui, la profession s’est largement féminisée grâce à ces pionnières érudites et audacieuses qui ont forcé les portes des institutions qui excluaient les femmes. Je suis d’avis à leur donner une place d’honneur aux côtés de Saint Jérôme.

Alors, portons un toast en l’honneur de notre belle profession et en l’honneur des traducteurs et traductrices qui nous ont précédés.

 

Portraits de traductrices par Jean Lelisle

En savoir plus sur Anne Dacier http://www.universalis.fr/encyclopedie/anne-dacier-1/

La Vulgate sur Internet :http://biblefr.chez.com/vulgate/index.html

En savoir plus sur Saint Jérôme http://www.lycee-chateaubriand.fr/cru-atala/publications/ATALA2/Atala2_Auzanneau.pdf

Consulter la fiche métier de traducteur-traductrice http://metiers.siep.be/metier/traducteur-traductrice/

 

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